Formé
par son père, petit maître peintre parisien, le jeune Simon
Vouet, plein d’ambition, quitte une France qui peine à se relever des
guerres de religions. Son premier voyage, alors qu’il était encore
adolescent, l’avait mené à Londres où il réalisa le portrait « d’une
grande dame ». De retour à Paris, son succès grandissant le fait
choisir par l’ambassadeur de France pour l’accompagner à Constantinople
(1611-1612) et réaliser un portrait du Grand Turc. Ce séjour à la «
Porte ottomane » n’est en fait qu’une brève étape avant la découverte
des beautés italiennes. Il s’imprègne tout d’abord de la peinture
vibrante et colorée des vénitiens, comme Véronèse, avant de gagner Rome
en 1613.
Rome est alors la
capitale incontestée des arts, attirant les artistes
de toute l’Europe, qui viennent admirer les grands exemples de la
Renaissance, Raphaël, Michel-Ange, tout en se formant aux styles des
deux grands génies du début du siècle qui viennent de disparaître :
Annibale Carrache (1560-1609) et Le Caravage (1571-1610). Le jeune
Simon Vouet se laisse tout d’abord tenter par le ténébrisme populaire
des œuvres du Caravage et réalise des
chefs d’œuvres du genre,
dont les deux magnifiques Diseuse
de bonne aventure
(Galerie Barberini
de Rome et Musée des Beaux-arts d’Ottawa), le Saint
Jérôme et l’ange
(National Gallery de Washington) ou encore une série d’héroïnes
bibliques vengeresses comme Hérodiade
(Galerie Corsini, Rome).
Sous le pontificat du
pape Urbain VIII Barberini, Vouet devient un des
premiers peintres de la Ville éternelle, et le chef de file de
l’importante colonie française (Vignon, Valentin, Mellin…). Il reçoit
de nombreuses commandes de
portraits
(Musée du Louvre) et de tableaux
d’église (magnifique Circoncision du Museo de
Capodimonte, Naples).
Suprême honneur, il est élu en 1624 prince de l’Académie de Saint-Luc,
corporation puissante des peintres et sculpteurs de Rome. Il est le
premier artiste français à recevoir une prestigieuse
commande pour la
basilique Saint-Pierre de Rome (1624) : une grande peinture
murale,
représentant L’Adoration de la Croix et des symboles de la Passion,
servant à la fois de décor et d’écrin à la Pietà de Michel-Ange. Le
décor a malheureusement été détruit au XVIIIe siècle, mais l’exposition
reconstituera pour la première fois la splendeur de cette commande
en
réunissant les fragments dispersés dans
le monde d’un grand modèle préparatoire réalisé par Vouet.
La peinture de Vouet évolue vers un art plus ample et plus clair,
annonçant les grandes commandes parisiennes de la seconde partie de sa
carrière.
Ses succès poussent
Louis XIII à le rappeler en 1627 pour être son
premier peintre. Après quinze fécondes années en Italie où il s’était
marié avec une romaine, Virginia da Vezzi, Vouet va alors ouvrir à
Paris un autre chapitre de sa glorieuse carrière, parallèlement à celle
de Rubens.